
Qu'est qu'un angio‐œdème ?
Les angiœdèmes se caractérisent par des crises de gonflement de la peau et des muqueuses. Le gonflement est progressif: il s’installe en quelques heures et se limite en général à une partie du corps. Il est de la couleur de la peau et peut être très déformant.
Ce n’est pas un œdème inflammatoire ; il est non prurigineuxQui cause de la démangeaison.
Source : Wiktionnaire, mais peut provoquer une sensation de tension de la peau. Dans le cas ou il touche la région abdominale, il peut être très douloureux, et accompagné de fortes nausées et vomissements.
L’atteinte laryngée, la plus dangereuse, peut conduire à l’asphyxie, et doit donc recevoir rapidement un traitement d’urgence approprié.
L’œdème est transitoire : il persiste en moyenne de 2 à 5 jours puis disparaît sans séquelle, mais il est récidivantRéapparition d’une maladie après une guérison en apparence complète et au bout d’un laps de temps quelquefois fort long.
Source : Wiktionnaire. Les crises peuvent être modérées ou sévères.
Les manifestations peuvent intervenir à n’importe quel âge de la vie, mais la maladie se déclare le plus souvent durant l’enfance ou l’adolescence.
La fréquence et la sévérité des crises sont variables suivant les patients et chez un même patient suivant les périodes de la vie.
Voici une vidéo YouTube qui explique de manière détaillée la maladie de l'angiœdème.
Plusieurs plaquettes d'informations ont été réalisées par le CREAK, l'association, avec le support de BIOCRYST, afin d'aider à la diffusion des connaissance de cette maladie dans les milieux médicaux:
- Et si c'était un angio-oedeme héréditaire (AOH)
document AOH pour médecin généraliste
- Le traitement n'attend pas la crise
chevalet_patient_aoh.pdf
- Du diagnostic à la prise en charge
document_aoh_pour_le_medecin_expert.pdf
- Document patients

Les causes de la maladie
A quoi sont dus les angiœdèmes?
Ces angiœdèmes sont dus à une synthèse excessive d’une hormone appelée bradykinine. Celle-ci augmente la perméabilité des vaisseaux, ce qui permet aux liquides de traverser les tissus et donc de provoquer des œdèmes. D’où l’appellation angiœdèmes à bradykinine.
Quels sont les différents types d’angiœdèmes bradykiniques ?
Les angioedèmes à Bradykinine regroupent plusieurs pathologies :
- les angiœdèmes héréditaires
- les angiœdèmes acquis
- les angiœdèmes médicamenteux
→ LA FORME HÉRÉDITAIRE
Les angiœdèmes héréditaires sont associés à un déficit en C1 inhibiteur, résultant d’une altération d’un gène situé sur le chromosome 11 qui assure normalement la fabrication du C1 inhibiteur.
La mutation peut être transmise par l’un des parents (75 % des cas) ou survenir spontanément chez la personne atteinte (25 % des cas) dont les parents ne sont pas porteurs (mutation de novo).
- Le type I est le plus fréquent ; il se caractérise par une diminution du taux de C1 inh dans le sang. Le diagnostic est établi en faisant un dosage du taux de CI Inhibiteur contenu dans le sang. Dans ce cas, il y a un déficit quantitatif significatif (<50% de la normale). Un dosage du C4 peut également être utile pour confirmer le diagnostic : celui-ci est en effet généralement un peu plus bas que la normale.
- Le type II se caractérise par un taux normal, voire élevé, de C1 inh, mais celui-ci, dans ce cas, ne fonctionne pas correctement. La protéine C1 inh n’étant pas fonctionnelle, les symptômes sont identiques au type 1. C'est donc un dosage qualitatif qui permet de diagnostiquer un type 2.
- Le type III n’est pas associé à un déficit mesurable, c’est pourquoi le diagnostic est en général basé sur les manifestations cliniques (avec éventuellement confirmation par analyse de certaines mutations génétiques : gène du facteur de Hageman F12). Le type III prédomine chez la femme ; les symptômes sont comparables aux types I et II.
→ LES FORMES ACQUISES
Elles sont constatées généralement chez des patients plus âgés (> 40 ans), sans antécédents familiaux. Elle ne sont donc pas héréditaires. Ils sont déclenchés par une autre maladie (souvent des maladies auto-immunesLes maladies auto-immunes résultent d'un dysfonctionnement du système immunitaire conduisant ce dernier à s'attaquer aux constituants normaux de l'organisme. C'est par exemple le cas dans le diabète de type 1, la sclérose en plaques ou encore la polyarthrite rhumatoïde.
Source : Inserm) qui provoque une baisse pondérale et fonctionnelle du C1 inh . On constate également une baisse du C1q, facteur qui reste normal dans la forme héréditaire.
→ LES ANGIO-OEDEMES MEDICAMENTEUX
C'est la prise d'IEC (Enzyme de Conversion de l'Angiotensine) qui déclenche les œdèmes. Dans ce cas, c'est souvent le visage, la langue, et le secteur ORLSecteur du nez, de la gorge et des oreilles qui sont atteints. Les dosages de C1 inh peuvent paraitre normaux. Il faut arrêter le traitement déclencheur de ces œdèmes.

Les symptômes
Existe-t-il des signes avant-coureurs des crises ?
Les crises peuvent être précédées de certains signes (prodromes) que les patients apprennent à reconnaître. Ces signes avant coureurs ne sont pas systématiques et dépendent des patients : de nombreux patients n’ont pas de signes avant coureurs identifiés :
Quelques uns des signes les plus fréquents :
- éruption cutanée (auréoles rosées en dessins géographiques), sans démangeaison
- fatigue, sensation d’épuisement
Plus rarement :
- changement brutal d’humeur, irritabilité, agressivité
- anxiété, maux de tête, ...
Quelles sont les localisations des crises ?
Toutes les parties du corps peuvent être affectées, mais plus généralement :
- Les mains et les pieds
- Le ventre (intestins) : les œdèmes abdominaux sont responsables de douleurs et de vomissements parfois très intenses
- Le visage
- La gorge : les œdèmes du larynx peuvent obstruer les voies respiratoires et constituent une urgence vitale (risque d’asphyxie) nécessitant une prise en charge spécifique et urgente.
- Les organes génitaux externes
- Plus rarement : Membres, articulations (épaule, hanche), œsophage, vessie…
Les crises peuvent partir d'une région puis s'étendre à une autre avant de se dissiper. Si les crises ne touchent habituellement qu'une seule localisation, les crises simultanées à plusieurs endroits ne sont pas rares.

Les facteurs déclenchants
La plupart des crises surviennent sans raison apparente. Mais certains évènements peuvent les déclencher, particulièrement ceux associés à des traumatismes locaux comme :
- une intervention chirurgicale,
- des soins dentaires,
- des micro-traumatismes répétés: bricolage, jardinage, certains sports,
- une infection notamment ORL,
- un traumatisme (chocs, pressions répétées ou excessives),
- la fatigue,
- le stress,
- les menstruations,
- la grossesse.
Ces facteurs déclenchants peuvent être très différents d'un patient à l'autre. Il est important de bien les identifier pour les éviter, ou envisager éventuellement un traitement préventif par anticipation: voir rubrique "traitements préventifs courts termes".
Dans les cas d’angiœdèmes médicamenteux, la prise d’IEC (inhibiteur d’enzyme de conversion de l’angiotensine).
Les situations de stress sont particulièrement connues pour déclencher les crises : examen scolaire, conflit familial ou professionnel, évènement familial.

Évolution de la maladie
La symptomatologie est difficilement prédictible chez les patients atteints d’angioedèmes, chaque patient est en fait un cas particulier.
Les symptômes peuvent être les mêmes quel que soit l’âge, mais l’intensité et la fréquence des crises peuvent varier tout au long de la vie. Certains patients peuvent connaître des périodes asymptomatiques.
Chez les femmes, on note une augmentation des crises due aux épisodes de la vie génitale :
- Une aggravation se produit souvent au moment de la puberté.
- La période des menstruations peut favoriser les crises.
- La grossesse améliore les symptômes pour 30 % à 50 % des femmes, mais aggrave les crises chez 30 à 50 % d’entre elles.
- La ménopause peut également induire une amélioration ou une aggravation des crises.
Les facteurs de stress sont souvent des facteurs favorisants les crises. En conséquence, toutes les difficultés inhérentes à la vie quotidienne (difficultés familiales, professionnelles, financières…) sont susceptibles d’aggraver la situation du patient.
Certains patients ont expérimenté avec succès des méthodes de relaxation qui minimisent le niveau de stress et donc la fréquence des crises.
Est-il nécessaire de faire doser régulièrement son taux de C1 inhibiteur ?
Il n’y a pas toujours de relation directe entre la fréquence ou la sévérité des crises et le taux de C1 inhibiteur. En conséquence, une fois le diagnostic établi, il n’est pas utile de faire doser périodiquement sont taux de C1 inhibiteur. Le déficit est permanent, en dehors ou pendant les crises.